[Expresso] #COP7FCTC Sally Satel & Clive Bates: Six conseils à l’OMS pour ne pas nuire à la lutte anti-tabac

« Il est difficile de croire qu’un accord global de santé publique dédié à l’arrêt du tabagisme, et à sauver des millions de vies en conséquence, puisse mener à plus de morts prématurées et de maladies évitables. Mais c’est ce qui pourrait bien arriver si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) maintient ses positions ». Le Pr Clive Bates et la Dr Sally Satel pointent le paradoxe de l’approche hostile au vapotage de l’OMS dans la revue de santé STAT. A Noida, dans la banlieue de Delhi en Inde, la réunion CoP7 de la Convention cadre de lutte anti-tabac (CCLAT – FCTC en anglais) se tient depuis lundi. « La question la plus controversée en discussion est le traitement du vapotage », expliquent les deux anti-tabac. 

Menace ou opportunité?

D’un côté, l’OMS voit le vapotage comme une menace. De l’autre, de nombreux scientifiques analysent que vapoter est extrêmement moins risqué que de fumer. Une réduction des risques au niveau individuel qui si elle est adopté massivement par les fumeurs entraînerait une baisse du tabagisme et de ses méfaits sanitaires. Sur la base d’études, notamment toxicologiques, des rapports scientifiques, dont celui du prestigieux Collège royal des médecins britannique, estiment la réduction des risques de l’ordre d’au moins 95%. « Le vapotage ne brûle pas de tabac, il ne produit donc ni goudron cancérigène ni les autres toxiques issus de la combustion », rappellent Clive Bates et Sally Satel.

Un groupe d’experts sur la réduction des risques s’est
constitué au sommet de la CoP7 à New Delhi
Pourtant, l’OMS a publié un rapport anonyme préparatoire pour ce sommet extrêmement défavorable au vapotage. En réponse, le Centre britannique d’études sur l’alcool et le tabac (UKCTAS) a fait une critique détaillée et accablante du rapport de l’OMS. « Face à ce duel des analyses, que devraient faire les délégués au sommet de l’OMS? », demandent les auteurs. Et de leur suggérer six conseils:

1- Lire les rapports contradictoires et les évaluer sur la bases des éléments scientifiques fondés en écartant les préjugés idéologiques ou les intérêts politiciens. L’enjeu d’une possibilité de sauver des vies devrait être considéré au moins autant que la question de maîtriser des risques hypothétiques.

2- Sans résolution de la controverse, le traité de la CCLAT ne devrait pas être modifié sur cette question. « La CCLAT devrait appeler à plus de recherche et une évaluation plus professionnelle de la preuve. Jusqu’à présent, l’OMS n’a pas réussi à fournir une évaluation sérieuse des risques et des opportunités du vapotage en comparaison avec les cigarettes de tabac », expliquent les auteurs.

3- L’OMS doit cesser de soutenir les interdictions de vente et de fabrication des produits de vapotage. « Comment peut-on donner un sens éthique et scientifique à l’interdiction d’une alternative beaucoup plus sûre, lorsque le produit le plus nocif, la cigarette de tabac, est disponible partout? », s’étonnent-ils.

4- « La CCLAT devrait revenir à l’essence de la santé publique et reconnaître que le rôle des gouvernements est d’aider les citoyens à faire des choix éclairés dans leurs propres intérêts », soulignent Clive Bates et Sally Satel. Donner la possibilité d’accéder à la réduction des risques et délivrer une information rationnelle devraient être les piliers de santé publique. « Au lieu de cela, la rhétorique alarmiste émanant de l’OMS et de certains militants anti-tabac crée un climat de peur et sème la confusion poussant les fumeurs à rester avec le diable qu’ils connaissent plutôt que d’essayer un produit nouveau mais beaucoup plus sûr », accusent-ils.

Un militant libertarien proteste lundi à la CoP7 avant
l’exclusion des journalistes et du public des réunions
5- Les réunions de la CCLAT doivent s’ouvrir et inclure le monde de la vape. L’OMS exclut « à peu près tous ceux qui peuvent être en désaccord avec leur approche », soulignent les deux militants anti-tabac. Alors que vapoteurs et les nombreuses entreprises du vapotage n’ont rien à voir avec la triste histoire de Big Tobacco. « Il est frappant de voir que c’est l’approche inverse des initiatives prise par les Nations Unies (UN) à propos du VIH/Sida, où le slogan « Rien sur nous, Sans nous » est accepté dans les réunions de la Convention », rappellent-ils dans les
colonnes de la revue de Boston.

6- Le principe de ne pas nuire devrait être maître. Une réglementation inappropriée du vapotage peut avoir des effets délétères en poussant des vapoteurs à retourner au tabagisme ou empêcher des fumeurs de s’en sortir à l’aide de la vape. Le résultat d’une telle erreur de santé publique serait une hausse des maladies évitables comme les cancers, les maladies cardio-vasculaires et, au bout, plus de morts prématurées.

Clive Bates et Sally Satel concluent en exhortant les délégués de la CCLAT à « examiner avec attention toutes les options parce que des vies sont en jeu. Prendre des décisions peu judicieuses et prématurées sur le vapotage pourrait alourdir le poids des maladies au lieu de le réduire ».

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