[Expresso] En Suisse, 90% des usagers de cannabis le fument en joint avec du tabac selon le GDS 2017

« Fumer (avec combustion) n’importe quoi est nocif pour vos poumons. Fumer change les propriétés d’une substance, formant généralement des composés toxiques et cancérigènes. » Ian Hamilton, de l’Université de York (UK), et le Dr Adam Winstock, du Global Drug Survey, expliquent dans The Conversation que le principal risque de santé individuelle du cannabis est de le fumer, a fortiori avec du tabac. « Mais vous ne devez pas forcément fumer le cannabis avec du tabac pour profiter de ses bénéfices », appuient les chercheurs. Le manger, sous formes « d’édibles », le boire en tisane, utiliser des gouttes sublinguales, l’inhaler avec des vaporisateurs d’herbe sèche, de concentré (en dab) ou en vapotage font partie des solutions pour éliminer tabac et fumée. Malheureusement, les données publiées hier du Global Drug Survey en 2017, la plus grande enquête internationale sur les usages de substances, confirment le faible recours à ces moyens de consommation plus sains en Europe. 

Accompagner plutôt que réprimer

La Suisse se distingue avec 90% d’usagers de cannabis le fumant en joint avec du tabac, contre seulement 8% des usagers américains. La double répression helvétique, à la fois du cannabis et du vapotage, est probablement un élément de cette pratique courante. Pour Ian Hamilton et Adam Winstock, les autorités en général ont un rôle à jouer. « Changer les normes culturelles de consommation de toute substance est difficile.(…) Le changement requiert que les gouvernements respectent les choix individuels. Les gens qui fument du cannabis devraient se voir offrir des conseils pratiques sur les manières de l’utiliser sans fumer de tabac, plutôt que des lois répressives », invitent les auteurs. Accompagner les usagers vers de meilleures pratiques, plutôt que de les pousser vers le pire par des prohibitions et/ou des restrictions souvent absurdes et contre-productives, est nécessaire d’un point de vue de santé publique.



Ce point est tristement illustré par l’avis nébuleux des autorités sanitaires helvétiques contre la vente de produits de vapotage contenant du cannabidiol (CBD), le cannabinoïde légal non psychotrope, alors qu’elles en autorisent sa vente sous formes à fumer. Au Royaume-Uni, ce sont les ventes de vaporisateurs d’herbe sèche qui sont réprimées. Pourtant, « il y a à présent assez de preuves scientifiques pour promouvoir le vapotage [ou la vaporisation] comme alternative plus saine d’utiliser le cannabis », soulignent Ian Hamilton et Adam Winstock. En plus d’éviter la combustion et l’ajout de tabac, le vapotage est un des moyens d’administration au potentiel intéressant. 

Arrêter de protéger le tabagisme au détriment de la population

Une étude lausannoise, publiée il y a un an dans Nature, a exploré le sujet. « Le « cannavapotage » apparaît être une alternative douce, efficace, pratique pour l’usager et sûre en place de fumer le cannabis pour des usages thérapeutiques. Ces bénéfices attendus semblent dépasser les avantages de l’administration par voie orale parce que l’ingestion se caractérise par une absorption erratique et une faible biodisponibilité », explique l’article signé de l’équipe menée par le Dr Vincent Varlet, du Centre Universitaire de médecine légale de Lausanne. 

De quoi initier une prise de conscience du rôle nocif de leurs décisions chez les autorités sanitaire en Suisse sur le sujet ? Aucune réaction n’a été notée suite aux critiques de l’association d’usagers Helvetic Vape à propos des produits de vapotage avec CBD. Pour le moment, l’administration d’Alain Berset semble toujours plongée dans un inquiétant état de narcolepsie aiguë…

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