[Expresso] Genève veut interdire la vente de tabac et cannabis light aux mineurs mais toujours rien pour aider les adultes

La vente de tabac et de cannabis light pourrait être bientôt interdite aux mineurs à Genève. Mauro Poggia, Conseiller d’Etat genevois, veut déposer un projet de loi cantonale pour limiter leurs ventes aux plus de 18 ans. L’information est révélée par le Matin. Actuellement, la loi fédérale ne posant aucune restriction à la vente des produits de tabac et succédanés, statut attribué au cannabis à moins de 1% de THC, les mineurs peuvent acheter sans autre cigarettes et, depuis quelques mois, l’herbe riche en CBD vendue en kiosque. « L’article 5 de la loi [genevoise] envisagée prévoit que tout contrevenant sera passible d’une amende pouvant aller de 100 à 1000 Fs. », précise l’article de Valérie Duby dans le quotidien vaudois.
Mauro Poggia estime qu’il s’agit d’agir en faisant entrer en vigueur cette loi cantonale d’ici la fin de l’année. Alors que le projet de loi Tabac fédérale d’Alain Berset a pris du retard suite au renvoi de son premier brouillon incohérent« Cette loi [au niveau fédéral] ne devrait pas entrer en vigueur avant le milieu de 2022, alors Genève doit agir. Sans compter que nous ne pouvions laisser subsister ce vide juridique avec le cannabis légal. (…) C’est un signal clair des autorités à donner », explique le magistrat genevois. Si l’interdiction de vente de cigarette pourrait un peu prévenir le tabagisme adolescent, on peut s’interroger sur le fait de pousser les jeunes vers le marché noir du cannabis plutôt que de leur offrir une alternative non-psychotrope et légale. Avant l’apparition du cannabis light, au moins de 30 à 50% des jeunes suisses de 15 ans déclaraient avoir essayer le cannabis.
Hypocrisie et aveuglement
Si les autorités genevoises semblent soudain se soucier de l’accès aux produits du tabac des mineurs, par contre elles gardent un silence pesant sur l’accès pour les fumeurs adultes aux produits de vapotage nicotiné. « En autorisant le cannabis light et le tabac, tout en maintenant l’interdiction des liquides nicotinés, nos élus envoient donc un message clair: la santé publique peut être reléguée au second plan », déplore l’éditorial de l’hebdo gratuit genevois GHI paru jeudi dernier. « La nicotine reste interdite aux vapoteurs. Comment supporter cette hypocrisie? », s’y demande Fabio Bonavita.
Visiblement, en réponse, les autorités ne semblent avoir que la part répressive à proposer. Sans considération pour des aides à sortir du tabagisme par la voie de la réduction des méfaits et la consommation de nicotine propre. Ni grande réflexion sur les conséquences potentielles sur la consommation de cannabis illégal chez les ados induites par leur réflexe autoritaire. A l’heure où l’échec des politiques du bâton est manifeste, et le succès des approches dites de réduction des risques, telles que les pratiquent la Suède et le Royaume-Uni sur le tabagisme, est de plus en plus convaincant, l’anachronisme risque de perdurer sous une forme renouvelée dans la cité de Calvin.

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