[Ristrett’] Pour un soutien à l’arrêt du tabac à l’aide du vapotage, mieux vaut être à Lausanne ou Genève qu’à Zurich

« Aux consultations sur le tabagisme des hôpitaux universitaires de Genève et de Lausanne, l’option du vapotage pour cesser de fumer est présentée. Contrairement à l’hôpital universitaire de Zurich (USZ) », explique la Neue Zurcher Zeitung dans son édition de samedi. Isabella Sudano, responsable de la consultation de tabacologie à l’USZ, refuse de parler du vapotage aux fumeurs. « Bien que les risques pour la santé soient plus faibles, il y a encore trop peu d’études montrant les avantages de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique », estime t-elle. Directeur de Stop-Tabac.ch, le Pr Jean-François Etter conteste cette résignation médicale condamnant les fumeurs au tabagisme. « Le vapotage fait la même chose que les substituts nicotiniques. Et le fumeur n’a pas à se passer du rituel du geste », souligne le professeur de santé globale de l’Université de Genève.
Étonnamment le quotidien zurichois n’évoque pas les résultats encourageants obtenus en consultation de tabacologie aux Hôpitaux de Genève (HUG) par le Dr Jean-Paul Humair, que nous avions présenté. La NZZ cite tout de même la revue Cochrane. Celle-ci montre que des études, de faibles échantillons, présentent déjà l’efficacité des vapoteuses de 1ère génération. Elles sont depuis dépassées techniquement par de nouvelles générations (trois ou quatre selon comment on les considère…).

« Une autre raison pour laquelle Isabella Sudano ne recommande pas le vapotage à ses patients est que les adolescents pourraient être tentés en les utilisant », affirme énigmatiquement la NZZ. D’un point de vue éthique, on peut s’interroger sur la démarche d’Isabella Sudano de nuire potentiellement à ses patients adultes en leur cachant un moyen de sortir de leur tabagisme. Elle ne semble pas touchée par la question. « Nous pensions la cigarette devenue inacceptable, maintenant elle entre par la porte arrière », estime t-elle. Avec au moins 25%, et probablement plutôt 30%, de fumeurs sans aucune baisse significative depuis 2009, la fin de la cigarette en Suisse n’a pourtant rien d’une évidence. 

« Au lieu de voir les bienfaits du vapotage pour la santé des fumeurs [qui y passent], beaucoup ont tendance à diaboliser la vape. Cela ne sert pas la protection des personnes à risque », déplore le Pr Etter. Alors que le vapotage est utilisé quasi exclusivement par des fumeurs ou ex-fumeurs en Suisse, selon les données du monitorage des addictions. De plus, là où il est répandu chez les jeunes, il a accompagné une chute massive du tabagisme adolescent. Comme le rappelle un article dans la revue JAMA sur la situation américaine ou une étude étendue au Royaume-Uni, que ne citent pas la NZZ. 

Une fois encore le journal zurichois n’arrive pas à s’empêcher de prétendre contre toute évidence que le vapotage est un produit des grands cigarettiers. Mais reconnaissons qu’en offrant la parole à deux visions contrastées, la NZZ fait-là son premier article un peu plus équilibré sur le sujet depuis l’apparition du vapotage… Auparavant, une longue suite de papiers d’extrêmement mauvaise qualité confinait au ridicule, à l’appel haineux et à la tromperie. Au point où News Buzzters en était arrivé à supposer que le journal zurichois servait les intérêts d’un cigarettier lausannois.
A Zurich apparemment le danger, ce ne sont pas les concours de fumeurs existants,
mais la possibilité qu’ils réussissent à arrêter de fumer à l’aide du vapotage


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