Persecuted: un court-métrage documente l’absurde de la politique hongroise anti-vape

« Ils ont nationalisé la distribution et pris le monopole des ventes de tous les produits connexes au tabac, dont les produits de vapotage, au nom de la « protection des enfants ». Ils n’ont pas seulement échoué à réduire le taux de tabagisme, ils ont provoqué exactement l’inverse: les ventes de tabac à rouler ont explosé, nous n’avions jamais vu autant de cigarettes de contrebande s’échanger et les vapoteurs se tourner vers les achats en ligne à l’étranger ». Le constat de Robert Bernarius est sans concession. Les conséquences de la politique de la Hongrie depuis 2012 au sujet du vapotage sont désastreuses. Il les expose dans un court-métrage sous-titré en anglais d’un quart d’heure mis en ligne ce 14 avril (ou voir plus bas). Persecuted, qui sera projeté au festival des films du Global Forum on Nicotine en juin à Varsovie, déplore la politique hongroise hostile à la réduction des risques et marquée notamment par la fermeture des magasins spécialisés pour livrer la vente des produits de vapotage aux buralistes « inexpérimentés dans le domaine ».

« Nous n’y avons pas cru »

En Hongrie, la politique anti-vape a commencé par des saisies de liquides nicotinés dés 2012. « A ce moment-là, nous n’arrivions pas à croire cela possible. Plus tard, nous espérions juste que cela ne durerait pas longtemps. Malheureusement, c’était notre première erreur, et depuis, il s’est avéré que ce n’était pas la dernière… », raconte le réalisateur, lui-même défenseur du vapotage et ex-fumeur. Fin 2015, les débats au parlement sur l’implémentation de la directive européenne (TPD) dans la loi hongroise donne lieu à une simple assimilation du vapotage au tabagisme. Effet de cet amalgame, le seul discours de santé publique autorisé présente le vapotage comme « aussi nocif » que le tabagisme. Autre conséquence de l’assimilation dans les lieux publics, les usagers ne sont autorisés de vapoter que dans les espaces fumeurs et ainsi subissent la fumée passive.

Etude scientifique hongroise

Dans ce climat hostile à la réduction des risques, un seul chercheur hongrois ose s’aventurer sur la question. Le Pr László Galuska, de l’Université de Debrecen, détaille la méthode de test de la condition des membranes des alvéoles pulmonaires qu’il a développé durant sa carrière. Avec son équipe, il a voulu mesurer avec celle-ci les effets du vapotage. « En 2014, nous avons comparé un groupe de 25 vapoteurs aux résultats des fumeurs. Nous avons déterminé que les dommages pour les membranes des alvéoles capillaires des poumons étaient bien moindres avec le vapotage, en raison de l’absence de monoxyde de carbone et de goudrons », explique le Pr Galuska. Actuellement, son équipe poursuit ses études sur différents nouveaux modèles apparus après cette première étude, précise t-il.

L’incertitude qui favorise des morts certaines

En dépit de ce constat scientifique local, les autorités ont préféré opter pour une ligne contre la réduction des risques et la prévention. « Ils ont liquidé les vendeurs spécialisés expérimentés d’un trait de crayons et mis la main sur la vente des produits de vapotage pour la donner à des buralistes qui n’y connaissent rien », regrette Robert Bernarius dans la conclusion de son petit film. « Cette ségrégation à l’égard de la réduction des risques ne marche pas du tout. La réglementation a été faite pour suivre l’idéologie du gouvernement actuel, qui ne sert ni la prévention ni la réduction des méfaits mais préfère utiliser la diabolisation des dispositifs alternatifs pour pousser les fumeurs à l’incertitude et une mort certaine ».
Le film Persecuted en hongrois, sous-titré anglais:

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