Karl Fagerström teste la dépendance à différents produits de nicotine et au café des suédois

Le Pr Fagerström, créateur du test de dépendance au tabac, a évalué la dépendance à la nicotine et à la cafféïne
En s’inspirant de son fameux test de dépendance à la cigarette – traduit en français par UnAirNeuf.org -, le Dr Karl Fagerström a tenté de comparer les niveaux de dépendance chez des utilisateurs de différents produits de nicotine et du café. Le vapotage devait faire partie de l’enquête, mais sa prévalence d’usage quotidien était si faible (0,6%) parmi les 3’001 suédois interrogés par le cabinet Ipsos que le scientifique a préféré écarter l’échantillon trop faible pour être statistiquement fiable et pertinent. Aucune question n’a été demandée sur les autres produits caféinés (sodas p.ex.) que la café.  Dans les réponses retenues, l’utilisation quotidienne est de 9,9% pour le Snus, 6,8% de fumeurs de cigarettes, 1,5% de consommateurs de produits de remplacement de nicotine (gommes nicotinées et/ou patchs) tandis que 71% du panel de suédois boivent chaque jour du café.

La cigarette et le snus plus dépendogènes que le café et les nicorettes

« Les indicateurs de dépendance utilisés ont tous été tirés du test de Fagerstrom pour la dépendance à la cigarette, sauf en ce qui concerne la difficulté d’arrêter les habitudes liées au tabac et au café », précise l’article publié ce 30 juillet en accès libre dans l’International Journal of Environnemental Research on Public Health (IJERPH). Indice de tabagisme lourd (HSI), utilisation dans les 30 minutes après le réveil, estimer importante la première utilisation et affirmer qu’il serait très difficile d’arrêter complètement l’usage ont été les facteurs pris en compte.
Signe que le café est moins dépendogène que les produits nicotinés, « beaucoup moins de buveurs de café ont commencé à utiliser le produit dans les 30 mn suivant leur réveil que tous les autres produits », précise le scientifique, dont la recherche a reçu le soutien financier de la Commission Snus. Mais l’importance aux yeux des consommateurs de la première utilisation de la journée place le café (67%) et la cigarette (65%) au-dessus du snus (55%) et des produits nicotinés (46%). En terme de dépendance forte au tabac, l’indice HSI montre une dépendance similaire entre fumeurs de cigarettes et utilisateurs de Snus. Globalement, les sondés suédois montrent une dépendance plus faible au café qu’aux produits du tabac. L’auto-évaluation de la difficulté d’un sevrage du produit indique que 36% des fumeurs et 34% des usagers de snus pensent qu’il serait très difficile d’arrêter, contre 21% des consommateurs de produits nicotinés et 18% des buveurs de café.

En Suède, plus de caféïnomanes que de nicotinomanes

« De manière surprenante, il peut y avoir plus d’utilisateurs de café fortement dépendants que d’utilisateurs de produits de tabac ou nicotine dans la population générale, en raison du nombre beaucoup plus élevé d’utilisateurs de café (2139 buveurs de café contre 545 usagers de produits de tabac ou de nicotine sur les 3001 sondés) », souligne le chercheur. Les résultats soulèvent une question de fond sur les objectifs de santé publique, que le Dr Karl Fagerström avait déjà évoqué dans un article pour le bulletin de l’association Sovape en mai.

Problème de santé ou problème moral?

« Si une proportion significative de la population dépendante du café n’est pas considérée comme problématique, pourquoi notre vision est-elle si différente concernant la nicotine? », interroge ouvertement le Dr Fagerström. Avant de livrer: « Probablement parce que traditionnellement la consommation de nicotine a été faite avec du tabac fumé, avec les conséquences négatives sur la santé bien connues. Mais à quel point la dépendance au snus et aux produits de remplacement nicotinés, avec une fraction des dangers de la cigarette, est-elle problématique? »
 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.