[Bref] Le Royaume-Uni autorise les allégations de santé dans la publicité sur la vape

Vapoter est au moins 95 % moins risqué et 40 % moins cher que fumer
« Suite à une consultation étendue, les Comités des pratiques publicitaires (CAP et BCAP) ont modifié les règles relatives à la publicité afin que les allégations de santé ne soient plus interdites dans les publicités pour le vapotage ». L’annonce officielle avant-hier de la modification des règles publicitaires britanniques est symboliquement un énorme pas pour extirper le vapotage du rideau de fumée tabagique. Principal changement, la mention interdisant les allégations de santé de l’article 22.5 du Code du CAP est éliminée.
Le Code sur la publicité anglais (CAP) permet les allégations sur la réduction des risques grâce au vapotage pour les fumeurs

Interdictions européennes

La réglementation révisée n’ouvre pas la porte à tout, loin s’en faut. En premier lieu, l’interdiction de publicité pour le vapotage dans les mass-média, provenant de l’implémentation de la directive européenne (TPD), règne encore au Royaume-Uni. « Sans licence [pharmaceutique], les produits de vapotage contenant de la nicotine ne peuvent faire objet d’annonces dans les médias audiovisuels ; le BCAP souligne donc que la proposition de lever l’interdiction des allégations de santé pour les produits de vapotage pourrait bien être très limitée dans son application, mais il a exprimé le souhait de procéder néanmoins au changement par cohérence du régime du CAP et afin de refléter l’état des meilleures connaissances scientifiques disponibles », explique le memo de l’Agence de normalisation de la publicité (ASA), chargée de l’application.

Flou sur ce qui est permis de dire

D’autre part, les allégations médicales restent interdites. Le vapotage n’étant pas un médicament, cela semble de bon sens. Mais la limite entre allégation de santé, désormais autorisée, et allégation médicale interdite est très floue. Si des termes comme « guérir » appartient assez clairement au registre médical, des mots comme « prévenir » ou « éviter » ne semblent pas être la propriété des seuls médecins. Le CAP n’ayant pas défini précisément les allégations possibles ou non, il y aura probablement des ajustements en pratique. D’autre part, l’ASA insiste sur le fait que les assertions se doivent d’être établies et générales à la classe des produits de vapotage: pas de publicité annonçant que tel modèle particulier a des vertus.

Pouvoir combattre la désinformation

L’esprit de la modification s’éclaire par les justifications du CAP à celle-ci. Les principales autorités de santé publique britanniques, notamment l’organisation anti-tabac Action on Smoking and Health (ASH), le Cancer Research UK (CRUK), le Public Health England et le Royal College of Physicians, ont soutenu une révision du code publicitaire en faveur du vapotage. « La compréhension par le public du risque relatif plus faible [du vapotage par rapport au tabagisme] est limitée et semble être en déclin. Or les spécialistes du marketing sont actuellement dans l’impossibilité de corriger cette mécompréhension dans leur propre publicité », résume le mémo de l’ASA.
L'affairiste Bloomberg finance des campagnes de désinformation contre l'arrêt tabagique à l'aide du vapotageFace aux campagnes de désinformations des lobbys anti réduction des risques, cette modification du code publicitaire donne un peu de liberté pour répliquer aux organisations de santé et aux professionnels du vapotage britanniques. « Une annonce majeure comme celle-ci envoie également un signal positif aux consommateurs: il est bien plus prudent de vapoter que de fumer. Cela n’est peut-être pas allé aussi loin que nous le souhaiterions, mais c’est un grand pas en avant dans la bonne direction », estime James Dunworth sur Ashtray Blog.

Lever le bâillon de la réduction des risques

Après le Canada, le Royaume-Uni donne ainsi un peu plus de marge de liberté d’expression au camp de la réduction des risques face aux divers lobbys affairistes s’y opposant. A contrario, la France reste toujours bloquée dans une position répressive où les défenseurs de l’arrêt tabagique à l’aide du vapotage risquent à tout moment des poursuites pour « propagande ».
Une situation paradoxale alors que la vape est de loin le moyen matériel le plus utilisé par les français qui tentent d’éviter de fumer, selon les données de Santé Publique France. La propagande pour ne pas arrêter de fumer à l’aide du vapotage, elle, est légale et largement répandue par les médias. En Suisse, aucune restriction n’existe pour le moment, ce qui permet à des magasins de vapotage a faire ouvertement campagne en faveur de l’arrêt tabagique.
Genève lors de la journée mondiale sans tabac 2018, une introduction à la réduction des risques dans la rue

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.