[Décrypt express] Aucune étude ne montre que la vapoteuse est plus dangereuse que le joint

la vaporisation est un moyen efficace de réduire les risques pour inhaler le cannabis

Petit décryptage express après qu’un ami m’a demandé * mon avis sur un article de Destination Santé. Une étude publiée le mois dernier dans Jama Network Open a mesuré l’effet du Δ9-tetrahydrocannabinol (THC) sur 17 adultes consommateurs très occasionnels sous forme vaporisée ou fumée. Contrairement au compte-rendu du site Destination Santé, repris par le Midi Libre, il ne s’agit ni de vapotage ni de joint. Les participants ont inhalé soit l’aérosol produit par un vaporisateur d’herbe sèche, en l’occurrence le bien connu Volcano (de Storz & Bickel), soit la fumée d’une petite pipe à herbe. L’étude ne montre pas non plus une augmentation de danger puisqu’elle s’est concentrée sur le rendement mesuré dans le taux sanguin et les effets subjectifs ressentis, éventuellement adverses, par les participants. Le résultat est intéressant: la vaporisation est de 40% à 50% plus efficace que par combustion. 

La vaporisation plus efficace que de fumer

Un Volcano

« Par conséquent, en maintenant la dose de THC constante, les vaporisateurs semblent être une méthode de libération du cannabis et du THC plus efficace, probablement parce qu’avec les préparations fumées traditionnelles, davantage de THC est perdu à cause de la pyrolyse (combustion) et /ou du sidestream », expliquent les chercheurs de la Johns Hopkins University School of Medicine de Baltimore. Le sidestream est la fumée qui se dégage dans l’environnement entre deux bouffées. Une perte de matière pour le consommateur qui ne se produit pas, ou de manière insignifiante, avec la vaporisation. D’autre part, la pyrolyse est fortement soupçonnée de détériorer les cannabinoïdes par température excessive.

Cannabis déséquilibré

Point important dans le protocole de l’étude, le cannabis utilisé pour les tests avec THC était titré à 13.4% de Δ9-THC, mais seulement 0.03% de cannabidiol (CBD) et 0.8% cannabinol. L’effet d’entourage étudié par le Dr Raphaël Mechoulam, a  montré que le CBD contrecarre certains effets du THC. Avec un ratio entre les cannabinoïdes aussi déséquilibré, l’impact du THC est excessivement fort, comme le montrent les réactions de plusieurs participants que ce soit sous forme vaporisée ou fumée.

Réduire d’un tiers la dose avec la vaporisation

Le THC du cannabis vaporisé est mieux assimilé que lorsqu'il est fumé
Le rendement de la vaporisation est près de 50% plus élevé que de fumer

Les mesures sanguines de l’étude montrent des dosages plus élevés de près de 50% avec la vaporisation qu’avec la fumée. Autrement dit, un consommateur peut réduire d’un tiers la dose d’herbe lorsqu’il la vaporise au lieu de la fumer. « Conformément aux résultats pharmacodynamiques, les concentrations quantitatives de THC dans le sang totales étaient plus élevées après l’administration de cannabis vaporisé que fumé et ont montré des différences d’ordre posologique », précise l’étude.

Evidemment, les effets ressentis ont aussi été plus forts. Le mauvais équilibre en cannabinoïdes de l’herbe choisie pour l’étude a provoqué quelques réactions adverses chez les sujets peu coutumiers de consommation forte. L’effet psychotrope du cannabis avec THC se déploie en une dizaine de minutes. En contraste de l’autotitration rapide des usagers de nicotine, les consommateurs de cannabis peuvent se retrouver à avoir pris une dose trop forte, que ce soit en fumant ou en vaporisant. L’expérience et la connaissance de ses réactions préviennent ce genre de problèmes généralement, d’autant plus lorsqu’on n’est pas astreint à consommer une dose prédéterminée pour une étude. 

Attention aux effets plus prononcés de la presse de caniveau

« Les vendeurs et les consommateurs des produits à base de cannabis doivent être conscients que l’inhalation de cannabis avec un vaporisateur pourrait produire des effets de la drogue et une altération des capacités plus prononcés que la méthode traditionnelle de le fumer », concluent les chercheurs. La recherche n’a pas mesuré les toxiques produits par les deux modes de consommation qui constituent dans le cas de la fumée le principal danger. Les risques de perte de capacité inhérente à l’état d’ivresse cannabique sont à apprécier en contexte.

Généralement, ils sont recherchés par les consommateurs dits récréatifs, mais il devrait être clair qu’ils sont à éviter dans des situations inappropriées. Pour les situations thérapeutiques, l’efficacité est aussi généralement souhaitée. L’équilibre entre les cannabinoïdes est un point clef sur ces questions d’effets.

désinformation santé . com

Nous ajouterons que la lecture de la mauvaise presse, ne prenant pas la peine de lire et de comprendre une étude dont elle rend compte, peut avoir des effets débilitant très prononcés et indésirables dans quelque contexte que ce soit. Et on ne va même pas parler des charognards bénéficiant de subventions par millions € (ce n’est pas une faute de frappe) sautant sur l’article racoleur et stupide pour encourager les fumeurs à le rester.

« Comme pour le tabac, les goudrons issus de la combustion du chanvre sont riches en composés cancérogènes (…). Cependant, les cannabinoïdes eux-mêmes ne sont pas cancérogènes. Une manière évidente de protéger la santé des fumeurs est donc de réduire au minimum la teneur en substances toxiques relatives à la fumée, sans diminuer la teneur en cannabinoïdes », Dale Gieringer, coordinateur de l’association NORML California en 1996

*edit: correction de français, pris de doute j’ai lu : http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-francaises/2017/04/22/37003-20170422ARTFIG00003-apres-que-ne-faites-plus-la-faute.php 

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