Le projet de taxe anti-vape aux USA pousserait 3 millions de personnes à fumer dont 500 000 adolescents

L’économiste Michael Pesko alerte le Congrès américain. Le projet de taxe sur le vapotage, contenu dans le projet de loi nommé Build Back Better (section 138520), aurait des conséquences négatives pour la santé publique, y compris au niveau des jeunes. Le projet de loi pourrait être adopté dès cette semaine, selon le Wall Street Journal. La proposition de taxe fédérale ne vise que les produits de vapotage et les nicotine pouches en taxant la nicotine à « 50,33 $ pour 1 810 milligrammes de nicotine », soit 2,8 cents par mg. Les taxes sur le tabac ne seraient pas modifiées.

Le site Vaping 360 a calculé que le prix du pack de quatre pods Juul augmenterait de 4,62 $, tandis que la taxe ajouterait 20,16 $ à une fiole de 60 millilitres en 12 mg/mL. Une fiole de 30 ml en sels à 50 mg/ml coûterait 42 $ de plus, et le prix d’un litre de 100 mg/ml de base nicotinée, couramment utilisé pour le DIY aux Etats-Unis, augmenterait de 2 780 $.

Michael Pesko, chercheur du département d’économie de l’Université de Géorgie (USA), a publié plus d’une dizaine d’études autour des questions sur les effets des taxes ou de restrictions sur le vapotage. Dans une lettre de deux pages, adressée au Congrès et cosignée par six de ses collègues, il résume les principales conséquences contre-productives des taxes sur le vapotage mises en évidence par ses travaux. Extraits traduits du chercheur américain qui précise ne recevoir aucun financement de l’industrie du tabac ou de groupes liés.

Un effet inévitable de taxer la vape est d’augmenter le tabagisme

« Mes recherches financées par le National Institutes of Health (NIH) dans plus d’une dizaine d’articles publiés évaluant les politiques en matière d’e-cigarette et des travaux complémentaires d’autres chercheurs, montrent que, par un éventail d’approches analytiques, les produits de vapotage nicotinés fonctionnent comme ce que les économistes appellent des « substituts » aux cigarettes conventionnelles.

En termes pratiques, si les e-cigarettes et les cigarettes sont des substituts économiques, l’augmentation du prix de l’un conduit en proportion les gens à augmenter leur consommation de l’autre. Étant donné les nombreuses preuves évaluées par les pairs indiquant que ces produits sont des substituts, un effet involontaire mais inévitable de l’augmentation des taxes sur les e-cigarettes est d’augmenter la consommation de cigarettes. Étant donné que l’on pense que les cigarettes sont nettement plus nocives que le vapotage, cet effet sur la consommation de cigarettes est préoccupant ». […]

3 millions de fumeurs supplémentaires dont 500 000 adolescents

« Dans différentes études, nous avons trouvé plusieurs conséquences inquiétantes des augmentations importantes de taxe sur les cigarettes-électroniques :

  • La simulation de la taxe sur les e-cigarettes prévue par le projet de loi actuel sur le comportement des adolescents indique que cette politique réduirait l’utilisation des e-cigarettes chez les adolescents de 2,7 points de pourcentage, mais 2/3 des adolescents qui n’utiliseraint pas d’e-cigarettes en raison de la taxe fumeraient des cigarettes à la place (étude A). Cela se traduirait par environ un demi-million de fumeurs adolescents supplémentaires au total. Cette constatation selon laquelle les adolescents substituent des cigarettes en réponse aux taxes sur les e-cigarettes a également été documentée en utilisant les données de la National Youth Tobacco Survey (étude B).
  • La taxe augmenterait le nombre de fumeurs adultes quotidiens de cigarettes de 2,5 millions au niveau national et réduirait d’autant le nombre d’utilisateurs d’e-cigarettes adultes (étude C).
  • Pour chaque dosette (pod) d’e-cigarette éliminée par une taxe sur les e-cigarettes, plus de 5,5 paquets de cigarettes supplémentaires seraient vendus (étude D).
  • Pour trois femmes enceintes qui n’utiliseraient pas les e-cigarettes en raison de la taxe, l’une d’entre elles fumerait des cigarettes à la place (étude E) ». […]

Chute inattendue du tabagisme chez les adolescents depuis dix ans

« Malgré leur potentiel de réduction des risques, les e-cigarettes ont été accueillies avec beaucoup de scepticisme. Ce scepticisme est en partie dû à l’augmentation substantielle et préoccupante de l’utilisation des e-cigarettes par les mineurs. Heureusement, les craintes que les e-cigarettes puissent servir de « passerelle » vers la cigarette ne se sont pas matérialisées : l’usage de la cigarette chez les jeunes est à un niveau historiquement bas. 

  • En 2009, 19,5 % des jeunes consommaient des cigarettes et les scientifiques et responsables de santé publique du Gouvernement avaient fixé l’objectif de 16,5 % dans le Healthy People 2020
  • En 2019, le taux de consommation de cigarettes chez les jeunes était de 6 %, dépassant de 386 % l’objectif initial pour 2020, probablement en grande partie grâce aux e-cigarettes ». […]

La lettre intégrale en anglais de Michael Pesko au Sénat se trouve à https://www.atr.org/sites/default/files/assets/Congress_ecigtax_11.8.2021.pdf

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