[Express] En Suisse-allemande, l’émission Puls de la SRF questionne la position prohibitionniste anti-vape, la NZZ la soutient

« La Commission Fédérale pour la Prévention du tabagisme (CFPT) refuse de recommander le vapotage pour arrêter de fumer. Cette prise de position est controversée dans le monde professionnel de la santé ». Hier soir, Puls, émission de la SRF, soumettait à la question l’attitude intégriste contre la réduction des risques du tabagisme à l’aide du vapotage. A rebours des approches émergentes au Royaume-Uni et à présent aux Etats-Unis, la Suisse est le dernier pays européen à interdire la vente légale de liquides de vapotage nicotinés. 
Le choix de minimiser les méfaits
Pourtant, les dégâts sanitaires viennent de la combustion des cigarettes, pas de la nicotine rappelle le Pr Jean-François Etter, de l’Institut de Santé Globale, à la télé suisse-alémanique. Pour le directeur de Stop-Tabac.ch, il s’agit de permettre aux usagers l’accès aux produits minimisant les méfaits, essentiellement liés aux dégagements de monoxyde de carbone et de toxiques de la combustion des cigarettes. Sans tabac ni combustion, le vapotage se présente comme un mode de consommation de nicotine à risque extrêmement réduit. Déjà largement plébiscité pour sortir du tabagisme, ses usagers suisses rusent la prohibition fédérale à travers les dons de nicotine.
Le dogme de l’abstinence
Opposé à cette voie de réduction des risques, le Dr Macé Schuurmans, membre de la CFPT, prône le conservatisme au nom du doute. L’universitaire zurichois assène à l’antenne de la SRF que le vapotage ferait perdurer la dépendance à la nicotine. Un argument qui s’inscrit dans la résurgence, quarante ans après, d’un mouvement pour la restriction d’accès aux substituts nicotiniques relancé récemment par le californien Stanton Glantz. Bien que les gommes nicotinées n’ont jamais entraîné « l’épidémie nicotinique » annoncée à l’époque par ses opposants, comme par exemple dans l’article publié en 1976 par le British Medical Journal ci-contre.  
La protection du tabagisme
En bloquant la voie de la réduction des méfaits, la politique Suisse a réussi à y maintenir le tabagisme ces huit dernières années. Tandis qu’il s’écroulait au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, sous l’impact notamment du vapotage depuis 2011. Les autorités fédérales projettent d’assimiler le vapotage au tabagisme dans le projet de loi sur le tabac (LPTab). Projet retoqué par le parlement qui a demandé de donner un autre statut à l’outil sans tabac ni combustion. Les services d’Alain Berset, le Conseiller fédéral en charge de la santé, préparent discrètement un nouveau texte, espérant toujours subsumer le vapotage au tabagisme
C’est dans cet agenda que les tenants pro-abstinence appellent à l’interdiction d’information médicale favorable à la réduction des risques, l’interdiction de publicité pour les produits de vapotage, l’interdiction d’arômes, une taxation punitive contre les vapoteurs – telle que l’exige en coulisse aussi le cigarettier Philip Morris -, et l’application au produit sans tabac ni combustion des mêmes restrictions que pour les cigarettes, etc… Un lot de revendications endossées dans l’avis de la CFPT, qui a dû refuser pour ce faire d’examiner les rapports scientifiques sur la question du Collège Royal des médecins britannique, de la Santé publique anglaise et quelques autres revues de centaines d’études sur le sujet telle que l’analyse de l’Université de Victoria (Canada).
La NZZ allume un contre-feu
Sans surprise, la Neue Zurcher Zeitung (NZZ) a allumé un contre-feu avant même la diffusion de l’émission Puls. Le quotidien zurichois a consacré hier matin une page appelant à durcir la législation contre la vape. On devine le danger que l’émergence d’une alternative au tabagisme fait couri
r aux intérêts en place. La vieille alliance entre puritains et trafiquants – « Baptists and bootleggers » en version originale américaine – joue à plein au pays de Novartis, Philip Morris et berceau du puritanisme. 
Fidèle à son traitement à sens unique de la question, la NZZ présente la position de l’Association contre le tabac (AT) et donne, pour tout « contrepoint » (avec de gros guillemets de distanciation), une phrase au cigarettier Japan Tobacco (Sic!). Usagers, entreprises de vape indépendante, défenseurs des approches de réduction des risques n’existent pas pour le journal. Petite inflexion éditoriale, qui mise sur l’amnésie pour faire oublier sa position antécédente, la NZZ qualifie à présent « d’absurde » l’interdiction de vente des liquides nicotinés.
Une bouffée d’air dans l’écran de fumée
Pour vaguement donner une impression de pluralité, le quotidien a tout de même ouvert exceptionnellement son site aux commentaires sur le sujet. On y notera parmi ceux-ci l’intervention argumentée de Marc Szeeman, le Secrétaire général de l’association Helvetic Vape. Seule portion congrue permise à l’expression d’autres paroles que celles des deux lobbys par la NZZ…

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