Les croyances erronées sur la nicotine ont un impact négatif sur l’arrêt tabagique aux Etats-Unis

Peur de la nicotine chez les fumeurs
 

Quel impact les croyances sur la nicotine ont sur l’arrêt tabagique des fumeurs américains ? Une étude de chercheurs de la Brown University, se basant sur les réponses de 9140 fumeurs à l’enquête en population PATH (Population Assessment of Tobacco and Health) de 2013-2014, a évalué les liens entre les perceptions vraies ou fausses de propriétés de la nicotine avec les tentatives d’arrêt tabagique, les réussites et l’utilisation de substitution. Trois constats principaux ressortent de l’étude dirigée par la Pr Morgan Snell et publiée en fin d’année 2021 dans la revue Nicotine and Tobacco Research.

En premier lieu, les résultats montrent que les fumeurs américains peuvent nourrir des opinions incohérentes sur la nicotine et qu’ils sont une large majorité à surestimer ses risques pour la santé. Les fumeurs croyant à tort que la nicotine est cause de maladies liées au tabagisme sont plus nombreux à tenter d’arrêter de fumer, mais avec moins de réussite que ceux qui ont une perception plus correcte de la nicotine. Le troisième point pourrait en partie expliquer le précédent, puisque « le fait de percevoir à tort la nicotine comme cause des maladies liées au tabagisme est associé à une plus faible probabilité d’utiliser des substituts nicotiniques ou le vapotage lors de tentatives d’arrêt ».

« Chez les fumeurs courants et établis, l’exposition aux produits chimiques par la fumée du tabac présente un risque de maladie nettement supérieur à celui de l’exposition à la nicotine sous des formes non combustibles. Cependant, des idées fausses concernant les produits du tabac et le rôle de la nicotine dans les maladies liées au tabagisme sont répandues », contextualisent les chercheurs dirigés par la Pr Morgan Snell.

Près de 69 % des fumeurs américains ont de fausses croyances sur la nicotine

Dans le panel de plus de 9000 fumeurs, près de 69 % ont rapporté des réponses incorrectes sur les risques sanitaires de la nicotine. En particulier, plus de 63 % croient à tort que la nicotine est cancérigène. De manière paradoxale, 83 % pensent que la nicotine est impliquée dans la dépendance tabagique, mais seulement 13 % croient qu’une cigarette à faible taux de nicotine serait moins addictive.

La désinformation nuit aux plus pauvres

Le risque d’être mal-informé sur la nicotine est étroitement lié au statut socio-économique. Les Américains interrogés gagnant plus de 100 000 $ par an sont proportionnellement presque moitié moins à avoir de fausse croyance concernant la nicotine que les personnes ayant un revenu annuel de moins de 10 000 $. La désinformation apparaît être un facteur d’aggravation des inégalités sociales de santé majeur sur le domaine tabagique, comme le soulignent les conclusions de l’étude publiée.

La peur réduit l’usage de substitution nicotinique

Parmi les fumeurs qui ont fait une tentative d’arrêt durant le suivi (4688 personnes), ceux qui croient à tort que la nicotine est cause de cancer sont 16 % de moins à avoir utilisé des substituts nicotiniques pharmaceutiques (NRT), et près de 40 % de moins à avoir utilisé le vapotage. La croyance que la nicotine est impliquée dans les maladies respiratoires (CPD) n’a par contre pas eu d’impact sur les aides utilisées.

La peur de la nicotine réduit les chances d’arrêter de fumer

Les fumeurs croyant que la nicotine est cancérigène sont en proportion 12 % de plus à tenter d’arrêter de fumer que ceux qui savent qu’elle n’est pas cancérigène. Cependant, en dépit de cette part plus importante de tentative, ils sont 16 % de moins à réussir à arrêter de fumer. La croyance erronée d’un risque respiratoire de la nicotine a un impact encore plus négatif avec une réduction de 28 % des chances d’arrêt pour les fumeurs qui le croient.

« Les résultats clés des modèles longitudinaux suggèrent que les perceptions erronées d’effets nocifs de la nicotine sur la santé peuvent, en fait, motiver un résultat comportemental désirable chez les fumeurs (tentatives d’arrêt), mais cet avantage potentiel ne se traduit pas par une augmentation des chances de réussir à arrêter de fumer, ni par une augmentation d’utilisation d’un outil de soutien efficace et fondé sur des preuves, tel que les substituts nicotiniques (NRT). Les participants attribuant à la nicotine un risque sanitaire important sont également moins susceptibles de déclarer avoir vapoté au cours des 30 jours précédents l’enquête, ou d’avoir utilisé le vapotage pour soutenir une tentative d’arrêt », résument en conclusion les chercheurs de la Brown University.

D’autres enquêtes ont montré une forte dégradation des perceptions à propos du vapotage aux États-Unis depuis 2014, la date de l’enquête sur laquelle cette étude s’est appuyée. Avec les précautions à garder à l’esprit d’une comparaison dans le temps et l’espace, les résultats de l’enquête SOVAPE-BVA en 2021 ont montré un résultat proche de l’étude de la Brown University avec près de 70 % des fumeurs français croyant la nicotine cancérigène.

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